Alerte-Foutaises : quand des climato-sceptiques et autres « écolophobes » à la solde des lobbys se travestissent en défenseurs de l’ordre public

Publié le par François DAMERVAL

On connaissait déjà les manœuvres des industriels agrochimiques, qui n’hésitent pas à inviter leurs lobbyistes à la commission et au parlement européen pour éradiquer « à la base » toute tentative politique susceptible de nuire à leurs activités, et du même coup de porter atteinte aux potentiels bénéfices de leur actionnariat.

Reste que la montée en puissance des politiques portant le projet alternatif d’une écologie au service des actuels impératifs socio-économiques, également inventée sous le nom  d’« écolonomie », n’est pas pour les ravir. Et il y a de quoi, car à la lecture des programmes affichés au fil des élections (européennes, régionales), la santé est plus que jamais mise en avant, et de plus en plus liée à la sécurité alimentaire et à l’environnement - ce n’est pas trop tôt -. Et il n’est pas question d’épargner ceux qui polluent, empoisonnent et tuent, sous prétexte qu’ils disposent déjà de « laissez-passer » dans les plus hautes institutions nationales et européennes, et qu’ils peuvent se targuer d’être un secteur clé de l’économie et de l’emploi. Parce qu’après tout, rien ni personne n’est irremplaçable... et amorcer une transition vers un monde plus propre et sain implique forcément une économie tournée vers de nouveaux secteurs. Bref, il y aura forcément des pots cassés, et chez les industriels agrochimiques ça risque de saigner... 

Un phénomène d’écologie politique porté par un nombre toujours plus grand de sympathisants - et on les comprend - dans la société civile, qui n’hésitent plus à se prononcer lors des élections en faveur de ceux qui prônent ce changement. Cette manifestation nouvelle et croissante n’échappe pas à ceux qui risquent d’y laisser plus que des plumes (pour ne pas dire finir dans le goudron).

Pour nos chers industriels, il s’agit alors de désamorcer cette bombe à retardement, en s’attaquant notamment aux instigateurs de cette mutation mal venue (écolos, ONG, politiques engagés...), en les discréditant aux yeux de l’opinion publique. Mais comment ?

D’abord, en faisant monter au créneau d’anciens responsables politiques, en mal de reconnaissance médiatique et à la recherche de droits d’auteur, qui emboîtent le pas, et tirent à boulets rouges sur ces nouveaux courants politiques. Le ton est amusant, un peu simpliste et cherche surtout à séduire massivement, en opposant alors cette écologie politique au progrès de la technicité scientifique. En d’autres termes, les écolos et intéressés à la question environnementale sont dépeints comme des fous furieux rétrogrades prêts à renoncer aux avancées scientifiques pour renouer avec un mode de vie inspiré des « mormons », totalement déconnectés des enjeux économiques. Parce qu’ils sont écologistes, ils sont « décroissants », l’insulte suprême allégrement répandue.

Il est vrai tout de même que les marées noires, la canicule, les accidents de la route sont des activités à encourager, car ils contribuent à l’accroissement du PIB, font circuler l’argent et donc tourner l’économie.

En dehors de tout fondement scientifique avéré, voire même si on en croit la pétition de 400 scientifiques français, de l’autre côté de la ligne jaune, en  tout état de cause, le ton est donné pour nos industriels. Ces derniers n’ont plus d’autre choix que de « communiquer » pour contre-attaquer, et pour ce faire de trouver un réseau adapté, un médium séduisant et d’irréprochables rédacteurs à tout point de vue.  

C’est ainsi que l’offensive écolophobe prend forme, cherchant à se parer des plumes d’un paon drapé de l’objectivité des  « media alternatifs », et allant jusqu’à utiliser le mot environnement pour mieux tromper le lecteur de bonne foi.. Ajoutez une vraie fausse journaliste indépendante, une pléiade d’agriculteurs rédacteurs et «insecticido-immunisés» (qualité rare dans le métier), à la tête d’un site au titre accrocheur et au public potentiel ciblé, le tout sous statut associatif (pour préserver la nébulosité du financier) et le tour est joué !

En apparence, rien ne laisse effectivement présager quelconques velléités, le but affiché par ses nouveaux journalistes justiciers n’étant autre que d’analyser, décortiquer et éclairer l’actualité agricole et environnementale. A la lecture des premiers articles, on se laisse d’ailleurs prendre au jeu, puis vite, le but inavoué de ce site s’impose de lui-même : il s’agit surtout de dénigrer le mouvement d’écologie politique en marche. Et alors là pas de quartier, des thèses climato-septiques en passant par des dénigrements personnels, tout le monde y passe... écolos sympathisants, écolos convaincus, ONG à vocation « environnementale », et personnalités politiques engagées dans la question écologique.

Quelle peut être la raison d’une telle ligne rédactionnelle, s’agit-il de fidéliser les lecteurs, de faire preuve de méchanceté gratuite, ou d’opposer un véritable contre-pouvoir à la supposée toute puissance écologiste, voire peut-être les trois. En se penchant de près sur la question, le brouillard se dissipe, les vérités se laissent entrevoir, et ce qui se profile à l’horizon ne présage rien de bon...

Il s’avère en fait que les agriculteurs rédacteurs seraient partisans d’une agriculture intensive, et un tout petit peu « écolophobes » sur les bords (vous l’aurez deviné). Quant à la vraie fausse journaliste indépendante, il s’agirait en réalité d’une professionnelle de la com’, employée par une agence qui entretiendrait des liens financiers avérés avec certaines industries agrochimiques.

De là à supposer une collusion (financière ou autre) entre le « media alternatif », créé par notre vraie fausse journaliste, qui s’applique à dénigrer les instigateurs d’une écologie politique, et nos industries agrochimiques menacées par ces mêmes protagonistes et désireuses d’en finir avec leurs percées électorales, il faudrait être frappé...

Qu’ils continuent de nous vendre leur climato-scepticisme sur fond d’« écolophobie » si bon leur chante, et ce, bien que les conséquences du climat détraqué ne cessent de faire la une, mais qu’ils n’oublient pas qu’il y a péril en la demeure, en particulier pour un soit disant « décrypteur » d’actualité décryptée...

François Damerval

Avec la participation de Franck Michel, étudiant en Sciences Politiques

Publié dans Environnement

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