Du pire régime à l’exception de tous les autres… à la nécessité d’une Démocratie participante !

Publié le par François DAMERVAL

 

Revenir au sens originel d’un mot, d’une idée, d’un concept, n’est en rien passéiste. C’est au contraire l’occasion d’en saisir l’authentique moelle, la substance même. Certes nous vivons aujourd’hui au 21ème siècle, mais comment engager des réformes, ou même une révolution démocratique, voire une contre-révolution à la révolution néolibérale si nous butons encore sur ce que recouvrent des termes comme « démocratie » et « libéralisme ».

 

Qui dit démocratie doit vraisemblablement s’en référer immédiatement à l’exercice direct du pouvoir, autrement dit le gouvernement du peuple par le peuple lui-même. L’étymologie du mot (dêmos = le peuple, kratos = le pouvoir) ne laisse d’ailleurs pas place à l’interprétation. Et pourtant, l’histoire a démontré que l’exercice de cette démocratie absolue, dépouillée d’adjectifs en tout genre était impossible à réaliser, et ce en partie pour des raisons bassement pratiques. Les Athéniens eux-mêmes ne se retrouvaient qu’à 6 000 personnes dans les assemblées, excluant femmes et esclaves qui représentaient toutefois un pourcentage non négligeable de la population locale de l’époque.

 

C’est ainsi qu’au fil de l’Histoire, et notamment des discussions philosophiques du 18ème, l’on abouti au constat commun que la démocratie représentative était le pire régime à l’exception de tous les autres. Le gouvernement n’est donc plus assuré par le peuple, mais par un représentant élu, sous couvert d’un mandat représentatif conféré par le peuple et supposé s’exercer pour le peuple. Reste qu’à l’heure actuelle ces fondamentaux semblent s’être plus qu’érodés, pour ne pas dire oubliés.

 

La crise démocratique est belle et bien réelle, les intérêts du peuple (au sens du plus grand nombre) ne sont plus entendus, et définitivement pas écoutés. L’avancée à grand pas de cette démocratie néolibérale, promeut par le gouvernement Sarkozy, bafoue sans foi ni loi les principes mêmes de notre feue démocratie représentative, usant et abusant du mandat représentatif où le politique échappe au contrôle du peuple tout au long de la durée de son mandat.

Les exemples de viols à répétition des intérêts du peuple ne manquent pas, et l’espace conféré ici ne suffirait pas, ne citons que la scandaleuse réforme des retraites, la non adoption de la taxe carbone, la non levée du bouclier fiscal, les fausses promesses salariales à nos dévoués professeurs…

 

Ce vers quoi tend cette démocratie néolibérale ressemble de plus en plus à une aversion oligarchique, où les intérêts des puissances financières et industrielles sont assurés au détriment du bien-être collectif. Il est loin le rêve de Rousseau, favorable à l’exercice démocratique direct sous couvert de mandat impératif…

 

Et le libéralisme dans tout cela ? Rappelez-vous que sa signification originelle n’était en aucun cas porteuse des griefs du néo-libéralisme à vocation exclusivement économique. Ce que prône le libéralisme n’est autre que la liberté d’expression des individus, le respect du pluralisme et du libre-échange des idées. Certes, elle s’inscrit également dans le domaine économique, mais seulement pour joindre l’initiative privée, la libre concurrence et l’économie de marché. Mais ce libéralisme là n’oubliait pas d’encadrer pouvoirs politiques et économiques par la loi, et l’existence de contre-pouvoirs.

 

L’opposition entre démocratie et libéralisme est alors flagrante, si l’une privilégie l’égalité et la défense des intérêts du plus grand nombre comme socle de l’exercice politique, l’autre soutient que la liberté individuelle prime et que la défense du bien-être de la majorité nuit au bien-être de tous.

Tocqueville n’est pas loin, fervent défenseur du libéralisme qui nous a appris qu’à force de courir après un égalitarisme exacerbé, le peuple démocratique s’adonnait à une forme de conformisme et d’ « uniformisme social », nuisible à l’assurance d’une véritable liberté politique, au sens où tout à chacun ne prend plus la même part au gouvernement.

 

Mais aujourd’hui point de rêve démocratique sur fond d’égalitarisme, et encore moins de respect des points fondamentaux du libéralisme, loi Hadopi et fichier Edwige obligent… 

Ce que les anciens avaient réussi à concilier en pensant et entreprenant la démocratie libérale, où le peuple exerçait son pouvoir (démocratique) de vote et où le pouvoir politique était limité, divisé et soumis à la critique médiatique, la droite l’a progressivement déconstruit. Que les trublions de l’actualité politique se calment, l’âge d’or d’Hara Kiri est fini.

 

Alors que faire ? Subir, certainement pas… Engager une révolution douce à l’encontre de cette outrageuse démocratie néolibérale, oui.  Comment ? En renouant avec nos fondamentaux soi-disant passéistes. Après tout pourquoi ne pas considérer avec plus d’attention cette idée d’une démocratie directe de notre cher Rousseau, où la souveraineté populaire serait restaurée, assurant ainsi la concentration des pouvoirs dans les mains du peuple, la prise de décision par la démocratie directe et l’élection de simples exécutants disposant de compétences politiques pour assouvir la volonté du peuple.

Ceux qui étaient hier protégés par le mandat représentatif seraient alors menacés d’être renversés, mandat impératif à l’appui, sous peine de ne pas avoir respecté la volonté du peuple.

 

Evidemment, le passé se doit d’être dépoussiéré, voire même dépassé. Avec l’idée d’une démocratie participante, c’est le citoyen – français, mais aussi européen – qui doit être réintroduit dès la constitution d’un projet politique véritablement porteur de sens, qui traite de priorités qui sont avant tout les siennes, celles du peuple (une véritable politique sociale en Europe, le développement durable et l’environnement au service de l’« écolonomie », la protection des consommateurs, une retraite véritable pour chacun, etc…).   

 

Ce que sous-entend finalement la démocratie participante, c’est qu’ensemble sur les épaules du géant, nous pourrions voir au-delà…

Publié dans CAP 21

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