Si l'Europe lui était contée

Publié le par François DAMERVAL

Si l'Europe lui était contée
 
On nous dit que l'Europe dépense sans compter,
Qu'ils prennent notre argent sans prendre nos conseils.
Mais quand ils construisent de semblables merveilles,
Ne nous mettent-ils pas notre argent de côté ?
 
Les conséquences du Brexit sont un formidable moyen de se rendre compte de ce que la mutualisation peut et sait apporter quand elle est bâtie de manière intelligente. On voit bien ce que les égoïsmes nationaux et locaux peuvent être des erreurs dans le sens de l'histoire.
 
Valérie Pécresse aime l'Europe. L'invitation faite au président du Parlement européen pour inaugurer l'hémicycle Simone Veil en est une bonne illustration...
 
Pourtant, quand on gratte le vernis, on se rend compte que l'on tombe dans les mêmes travers que la plupart des politiques. Dénoncer une Europe lointaine, sans considérer que l'Europe, c'est nous ! L'Europe est alors vu comme un distributeur d'aides.
 
A force de recherche des clivages pendant la campagne de 2015, Valérie Pécresse a voulu faire des fonds européens un enjeu électoral, alors que cela n'en était pas un !
 
Si la précédente période de programmation des fonds européens avait des règles bien différentes de celle d'aujourd'hui, le nouveau mode de fonctionnement conduit à mettre en place une infrastructure massive avec un effectif de 51 agents. Dans une période où le siège prévoit une suppression de près de 450 postes sur un effectif initial d'environ 2000 postes, la mobilisation d'agents sur les fonds européens pèse sur le budget régional, d'autant plus que l'exécutif a fait le choix en partie d'une externalisation d'une partie des prestations nécessaires...
 
Nous sommes finalement devenus autorité de gestion de ces fonds - pourquoi pas -  mais avec quelle gouvernance !
 
Les membres du CESER Ile-de-France rappellent au moment du vote de chacun des budgets qu'ils souhaitent un budget annexe et que les éléments budgétaires liés à la gestion des Fonds Européens Structurels et d'Investissement (FESI) apparaissent également dans toutes les annexes thématiques concernées -appelées "bleus budgétaires"-.
Dans le dernier budget, le CESER regrettait que le "jaune budgétaire" -présentation budgétaire transversale- approuvé le 8 juillet 2016 par le conseil régional (CR-129-16) et destiné à assurer un suivi transversal des financements européens ne soit pas présenté en même temps que les autres documents relatifs au budget prévisionnel 2017. Nous avons eu le droit à une jolie communication de l'exécutif... mais toujours pas de jaune budgétaire.
 
Depuis le début de mandat, je réclame la transparence sur le coût de traitement de chacun des dossiers. Je réclame aussi la transparence sur les affectations budgétaires.
Depuis le début de mandat, le pluralisme a été exclu du processus de sélection et c'est l'opacité qui prime.
Depuis le début de mandat, 3 nouveaux territoires ont pu ainsi être ajoutés à la liste des territoires éligibles aux fonds FEDER-FSE sans le moindre débat sur le choix des territoires, sans justification aucune.
 
A l'usage, je m'interroge sur l'efficacité des ressources allouées au-delà du retour des fonds de cohésion sur le territoire national.

Nous sommes dans la situation d'être une région avec un tel capital humain, que l'on ne sait pas exploiter ; une région riche, mais avec tant d'inégalités ; une région avec de super infrastructures, mais certaines si vieillissantes ; d'être une région très performante, mais avec tant de gens qui la dénigrent ou incapable de prioriser des objectifs.
 
A la réflexion, je m'interroge sur des fonds qui, au-delà de leur rôle initial de pouvoir construire des infrastructures et de réduire des inégalités, permettent aujourd'hui à des entreprises de bénéficier de fonds et biaisant la concurrence sur un marché commun.
 
A l'avenir, je m'interroge sur la mise en place d'une super structure interne à notre institution qui est vouée à la disparition. La sortie de la Grande Bretagne de l'Union européenne pèsera sur le budget de l'Union. Les fonds de cohésion comme nous les avons connus sur cette période de programmation n'existeront plus à l'avenir. La création de 3 catégories de région (régions moins développées: PIB/hab. inférieur à 75% de la moyenne européenne, régions en transition: PIB/hab. compris entre 75% et 90%, régions plus développées: PIB/hab. supérieur à 90%) n'était qu'une rustine pour faire perdurer un vieux modèle.
 
L'idée du club des régions riches d'Europe de Valérie Pécresse perd cruellement de son intérêt sur le plan négociation avec la Commission européenne. Sans débat (comme d'habitude), Valérie Pécresse a pris contact avec ses homologues européens des régions riches d'Europe dans chacun des pays avec des noms connus. Elle ira ce mois-ci à Lisbonne. On eut parlé de Londres, on parle de la très riche et très catholique Bavière, etc. Et il y eut en premier accord de coopération, la Catalogne ! On se rend compte aujourd'hui de l'intérêt que cette région pouvait porter à ce type de coopération.
 
Valérie Pécresse la diplomate... mais peut être pas la plus clairvoyante !!!
 
« Je considère les 12 étoiles de notre emblème comme un rappel que le monde pourrait devenir meilleur si, de temps à autre, nous avions le courage de regarder vers les étoiles »
 
Václav Havel - Parlement européen Strasbourg – 1990
 
 

Publié dans CRIDF, Europe

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