Question au Président du Parlement européen sur la dilution du projet européen et les accords de libre échange

Publié le par François DAMERVAL

Question au nom du groupe au Président du Parlement européen

 

Mme la Présidente,

M. le Président du Parlement européen,

 

Le projet européen a été construit pour répondre aux défis de l'Europe d'après guerre. Les défis aujourd'hui sont d'une autre nature ! Climatiques, démographiques, sociaux, environnementaux, économiques et sécuritaires,… on a cruellement besoin d'une Europe plus intégrée et plus forte, pas d'une Europe bouc-émissaire des populistes.

 

Pourtant, les choix des commissions Barroso -dont vous étiez membre- comme Juncker apparaissent comme une volonté délibérée de diluer le projet européen. C'est le cas avec l'ouverture des négociations avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ce fut le cas avec l'engagement des négociations sur le TAFTA et c'est le cas de manière encore plus urgente avec l'entrée en vigueur provisoire du CETA aujourd'hui.

 

Les accords commerciaux de libre-échange fragilisent l'acquis communautaire. Nous avons eu une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le principe de précaution depuis Maastricht, des législations contraignantes pour préserver les ressources en eau, pour la qualité de l'air, des sols, de la biodiversité… incompatibles avec ces accords.

 

Ils nuisent à la consolidation du marché intérieur. Ils entretiennent les égoïsmes nationaux et éloignent les Européens de leur citoyenneté commune.

 

Le projet européen est dilué quand on recule sur la santé des citoyens.

L'acquis communautaire, c'est des seuils de particules que nous aurions pu obtenir au pays de PSA et de Renault.

L'acquis communautaire, c'est REACH. Le Parlement a eu un rôle important et l'a prouvé sur les perturbateurs endocriniens.

 

Le projet européen est dilué quand les fondements humanistes sont remis en cause. Quand on est confronté au défi migratoire,  l'Union aurait dû avoir une réponse commune pour une politique d'accueil commune et des politiques de solidarité. Et que dire à propos d'une Europe qui refuse de sanctionner les nationalistes, de Victor Orban à Jarosław Kaczyński ?

 

 

Si le président Juncker tente de vendre les vents favorables, le vent d'enthousiasme pour le projet européen retombe du fait d'un immobilisme coupable de la classe politique européenne. Le Parlement européen, dans le passé, a su lutter contre cette dilution. C'était notamment au moment d'ACTA.

 

Aujourd'hui, le Parlement européen pourrait reprendre la main en proposant des politiques communautaires pour lutter contre les changements climatiques, répondre aux ODD, pour la sécurité alimentaire des Européens, pour une défense commune, pour une diplomatie commune, pour une union économique et monétaire en faveur des citoyens. Le président du Parlement européen que vous êtes peut-il s'engager dans la droite ligne des pères fondateurs pour un projet européen fort et en faveur de ces citoyens, peut-il s'engager contre la dilution de l'acquis communautaire ?

Publié dans CRIDF

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